Adriana Karembeu (Pour le meilleur et pour le pire) : « À la fin, certaines vérités deviennent évidentes »

Clément Gauthier : Parler de choses difficiles, voire de malheur, avec les personnes que vous aidez, peut-il devenir difficile pour vous par la suite ?

Adriana Karembeu : Je suis comme une éponge, j’absorbe beaucoup, y compris les souffrances des autres. Mais j’ai l’habitude. J’ai fait des études de médecine pour exercer la profession au départ. Quand on choisit ce métier, on a une sensibilité envers la souffrance des autres. J’ai vécu dans ce milieu quand j’étais petite, car ma mère était médecin et ma grand-mère infirmière. Je suis à chaque fois touchée, mais ça ne va pas me perturber au point de ne pas pouvoir vivre avec. Ce n’est pas traumatisant.

Combien de temps restez-vous avec les couples ?

On passe une journée entière. On commence tôt et on rentre très tard à la maison. On n’a plus de vie de couple (rires). C’est épuisant, mais c’est bien que ça ne soit pas étalé sur plusieurs jours parce que c’est une épreuve psychologique difficile pour ces gens-là. Raconter des expériences extrêmement douloureuses, ce n’est pas évident.

Y’a t-il une relation de professionnelle à patient avec les personnes aidées ?

Non, je n’ai pas cette prétention-là. Je ne connais pas ces gens-là. Je suis une intermédiaire, une oreille ou juste une confidente.

Gardez-vous un suivi avec les personnes après l’émission ?

On a toujours un contact avec les couples. Ceux avec qui on a tourné l’année dernière, on sait s’ils vont bien ou non. Ils sont toujours en contact avec le psychologue Patrick Estrade. On a des nouvelles régulières. On sait que Coralie et Manu vont bien même si Coralie a passé un moment difficile. Agnès et Claude ont témoigné une crise du passé, donc c’est un couple soudé. Bernard et Corinne sont un peu moins bien, car leur cas est extrêmement compliqué. Bernard voyage beaucoup et Corinne reste seule à la maison avec ses enfants.

Ressentez-vous une différence dans leur vie de couple après votre passage ?

Il y a une énorme prise de conscience, mais on n’est pas là pour changer un couple ou pour le coacher. On amène les clés grâce à l’entrevue que j’ai avec le psy. Il parle globalement de ces sujets et chacun se donne les moyens pour trouver la solution. Il y a donc une démarche primordiale du couple. On ne peut pas leur imposer ce qu’ils doivent faire. Je pense que c’est vraiment très bénéfique pour eux tout ça.

« Chacun se donne les moyens pour trouver la solution »

Que vous ont apporté vos entretiens avec Patrick Estrade, le psychologue ?

Il m’a ouvert plein de portes. Je ne m’étais jamais trop intéressée à ce domaine, malheureusement. Au final, je trouve ça passionnant. J’aurais dû faire ce métier-là.

Peut-il arriver qu’il y ait des conflits non résolus ?

Notre but n’est pas, à la fin du tournage, de dire que le couple va bien ou non. Les témoins vont apprendre sur eux-mêmes grâce à leur récit et à celui du psychologue. À la fin, ça arrive qu’ils se fassent des bisous, et qu’on constate que quelque chose s’est passé. Devant nous, ils se parlent et disent des choses enfouies depuis longtemps. Je pense qu’il y a souvent un déclic. Certaines vérités deviennent évidentes. Il faut capter ce genre de moments. Le fait d’être à la télévision leur permet d’extérioriser leur souci. C’est important pour eux.

Avez-vous eu des propositions sérieuses pour le cinéma ?

Je ne veux pas trop en parler sinon ça ne va pas se faire. C’est une comédie, j’adore. Donc on verra bien.

Pour Les pouvoirs extraordinaires du corps humain sur France 2, y aura-t-il de nouveaux épisodes ?

Oui, vers une destination lointaine. C’est toujours très intéressant, car on apprend énormément de choses. On voit de jolis paysages et on rigole avec Michel Cymes. C’est le principal. Il y a des rencontres avec des personnages incroyables. Personne ne sera déçu.