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A la rencontre de Dick Wolf, créateur de la franchise Law & Order

Tony Cotte
Publié le 13/10/2007 à 12:22 Mis à jour le 05/04/2011 à 15:50

Depuis le Festival de Television de Monte Carlo, Dick Wolf revient sur ses séries de la franchise Law & Order. De l’éphémère New York Cour de Justice à l’incertain New York section criminelle en passant par la française Paris enquêtes criminelles, le créateur répond aux questions de Toutelatele.com sans langue de bois.

Tony Cotte : Comment expliquez-vous le succès mondial des séries américaines ?

Dick Wolf : Elles sont plus naturelles dans leur présentation et dans le jeu des acteurs. Law & Order (New York... sur TF1) arrive à être plus crédible en appliquant les apparences de quelque chose de réel. Mais en France, Paris enquêtes criminelles met en valeur la ville. Les téléspectateurs peuvent reconnaître facilement les quartiers dans lesquels ils vivent. C’est également un facteur de popularité. Les gens aiment voir ce qu’ils connaissent.

Tony Cotte : Parler de soi serait donc un gage de succès ?

Dick Wolf : L’environnement est important mais le crime reste le crime. Les gens tuent de façons différentes et ce n’est pas spécifique à un pays.

Tony Cotte : Comment en arrive t-on à décliner autant de séries autour de la ville de New York ?

Dick Wolf : J’ai grandi dans cette ville. Tout ce qui arrive à un quidam dans le monde peut très bien se produire à New York, cela reste crédible.

Tony Cotte : New York Cour de Justice a été rapidement arrêtée, New York section criminelle est, quant à elle, déplacée sur le câble... Finalement, n’avez-vous pas l’impression que la franchise Law&Order s’essouffle ?

Dick Wolf : La situation pour New York Section Criminelle est simplement l’inverse de ce qui s’est produit pour New York Unité Spéciale à ses débuts. A l’époque, proposer une série sur un network et quelques jours plus tard sur le câble était révolutionnaire. Ce n’est en rien un nouveau concept, c’est simplement la première fois que cela se produit dans ce sens. NBC peut toujours mettre à l’antenne certains épisodes diffusés sur la chaîne câblée USA.

Tony Cotte : Pour cette rentrée, vous auriez proposé à NBC de réduire les coûts de production de New-York, Police Judiciaire de 12% pour pouvoir rester à l’antenne. Concrètement, comment avez-vous appliqué ces économies ?

Dick Wolf : 12% me semble un bon calcul (rires). Quelques têtes sont tombées. Certains éléments ont été supprimés et nous avons remplacé une partie du casting avec des acteurs qui coûtent moins cher.

Tony Cotte : Avez-vous regardé la version française... (Paris enquêtes criminelles, ndlr)

Dick Wolf : (il coupe) Bien sûr ! Vincent Perez est extraordinaire. Je suis amplement satisfait de la qualité de la série et la deuxième saison sera encore mieux. TF1 a fait un très bon travail.


Tony Cotte : Pouvez-vous en dire plus sur le cahier des charges ?

Dick Wolf : L’équipe française choisit les scripts déjà existants et réalise une traduction en changeant les références par rapport à votre pays. Paris est vraiment mis à l’honneur. Il s’agit d’une vraie adaptation culturelle.

Tony Cotte : Vous pensez que les scénaristes français ne sont pas capables de les écrire eux-mêmes ?

Dick Wolf : (rires) Le rythme est différent. Faire 6 à 8 épisodes par an n’est pas vraiment le meilleur business plan. Nous espérons que la prochaine saison compte 12 épisodes, voire plus. Faire de la télévision en France est difficile. C’est souvent un seul scénariste sur un projet comme en Angleterre, ce qui explique le faible nombre d’épisodes. Aux Etats-Unis, nous sommes plus nombreux. On ne peut pas demander à une seul individu d’écrire toute une saison !

Tony Cotte : Le succès de la version française vous a-t-il permis d’ouvrir les portes pour des adaptations dans d’autres pays d’Europe ?

Dick Wolf : Ce n’est pas encore le cas mais j’espère que cela va se produire. Tout dépendra de l’audience de la deuxième saison de Paris enquêtes criminelles. Il y a quelques années, TF1 faisait 35% de part de marché. La série en a réalisé entre 29 et 30%. Nous espérons garder ce rythme. Après tout, nous avons fait plus que certains programmes de la chaîne.

Tony Cotte : Selon le Wallstreet Journal Europe, les équipes françaises en visite aux Etats-Unis pour le projet de Paris, enquêtes criminelles, se sont distinguées par leurs lacunes face aux équipes américaines. Pouvez-vous confirmer ces allégations ?

Dick Wolf : La production française est complètement différente. Je pense que le président Sarkozy va changer des choses par rapport au travail. Nous gagnons beaucoup d’argent car nous travaillons 14 heures par jour. Voir les loges des équipes françaises où on boit du vin pendant un tournage est vraiment étonnant. Si on faisait ça chez nous, on serait renvoyé sur le champ !

Tony Cotte : Qu’en est-il du projet de cross-over entre Paris, enquêtes criminelles et New York section criminelle ?

Dick Wolf : Nous essayons de faire venir Vincent Perez aux Etats-Unis. Mais cela reste, à ce jour, au stade de projet.