Zaho (Cut) : « Sur Cut, je prends plus de risques »
Prochainement à l’affiche de la comédie musicale La Légende du Roi Arthur, produite par Dove Attia, la chanteuse Zaho a tourné le temps de deux épisodes dans Cut. Sur le tournage de la série de France Ô, la comédienne en herbe s’est confiée à Toutelatele sur son rôle et son rapport à la télévision. Rencontre.
Benjamin Lopes : Vous jouez dans les derniers épisodes de la saison 2 de Cut. Comment êtes-vous arrivée dans la série ?
Zaho : C’est par le biais de la musique que j’ai intégré le casting de Cut. Les producteurs de la série cherchaient une chanson pour le générique lors de la première saison et ils ont choisi une des miennes. Le leitmotiv « Tourner la page » correspond bien à ce qui se passe dans la série. Dans cette saison 2, je joue mon propre personnage. Je vais enlever ma casquette de chanteuse pour rendre service à quelqu’un.
Est-ce un rêve pour vous de jouer la comédie ?
C’est plus une envie, car je l’ai toujours un peu fait à ma manière. Ma partie préférée quand je fais de la musique, c’est de créer les clips. Je me suis toujours pris la tête sur l’image. Je ne suis pas quelqu’un de timide et je me sers de mon atout principal, à savoir chanter.
Comment avez-vous appréhendé le travail sur Cut qui était donc forcément différent ?
Sur Cut, je prends plus de risques, car il faut que je donne de l’émotion en ne passant que par le texte. Il faut être juste dans le jeu, car je ne joue pas un personnage de composition et on a tendance à être dans l’excès quand on commence. L’histoire était écrite et il fallait absolument que je n’en fasse pas trop.
Avez-vous hésité avant de donner votre accord pour l’utilisation de votre musique comme thème principal de Cut ?
C’est dans un premier temps ma maison de disque qui a été contactée. J’ai ensuite demandé à lire le synopsis de la série pour donner mon accord. J’ai aimé le côté frais, touchant et interactif. J’ai toujours rêvé de donner une musique à des images, avec une atmosphère et une émotion. Si on m’avait demandé de faire une musique spécifique pour la série, je pense que ça n’aurait pas été aussi efficace que le rendez-vous qui s’est fait naturellement.
« J’ai caché ma joie, mais honnêtement j’ai versé une larme chez moi »
« Tourner la page » a été également récompensé par la Chambre syndicale de l’édition musicale. Comment avez-vous réagi à cette annonce ?
Ça a été un véritable honneur. J’ai caché ma joie, mais honnêtement j’ai versé une larme chez moi. En tant qu’artiste, c’est vrai que c’est génial d’être populaire et d’être reconnu par ses pairs. Mais là, le titre a été élu chanson française de l’année, sachant que ma première langue n’est pas le français, et que j’habitais auparavant au Canada. Je me suis remémoré toutes les fois où mon père m’engueulait pour faire des dictées et où il me demandait de m’intéresser à la lecture. J’étais juste fière au final que tout ça soit récompensé par un prix éditorial et de création. C’est un symbole énorme pour moi. Cette récompense est la plus honorifique à mes yeux, car ma plume a été mise en avant.
Vous écrivez également des chansons plus légères. Est-ce une revanche contre vos détracteurs ?
C’est effectivement aussi une manière de montrer qu’on peut faire du « C’est chelou » avec des paroles plus dérisoires qui vont avec le thème, pour exprimer une colère déguisée en autodérision, mais aussi des choses plus profondes. Je reste la même artiste. Faut juste comprendre que lorsque je fais des chansons moins écrites, c’est voulu.
À la télévision, vous avez participé à X-Factor sur M6, aux côtés de Christophe Willem qui était alors juge. Que tirez-vous de cette expérience ?
C’était plutôt dérisoire, je suis apparue seulement une soirée. À l’époque je travaillais sur l’album de Christophe Willem en tant qu’auteur. C’était plutôt une manière d’officialiser notre collaboration puisque c’était la première fois qu’il disait qu’il bossait avec moi. J’ai adoré le faire. Maintenant, je ne sais pas si je l’aurais fait plus longtemps.
Vous avez également prodigué vos conseils à la Star Academy sur NRJ12. Un rôle de coach dans un télé-crochet vous intéresserait-il ?
J’aime partager. Je suis très généreuse et parfois je peux décevoir certaines personnes, car je dis franchement les choses afin d’éviter de se vautrer plus tard. J’aurai pour ma part aimé qu’on me dise certaines choses avant que je fasse des erreurs. Ça m’intéresserait d’être coach, mais le fait de choisir, de s’attacher et de devoir se détacher me gêne. Je suis quelqu’un de très sensible même si je le cache derrière une carapace. J’accepterai peut-être le jour où je serai prête.
Vous avez déjà eu des propositions en ce sens ?
Oui, mais c’est toujours délicat d’en parler. C’était pour une émission où j’aurai dû faire une sorte de chronique où je critiquais les albums d’autres artistes. Mais je ne pouvais pas le faire. Je me vois mal du haut de ma carrière juger des gens qui en ont plus de quarante derrière eux. C’était super bien payé avec une forte exposition, mais je n’ai pas pu accepter.
« On ne me reçoit pas pour m’humilier sur la place publique »
Avez-vous le temps de regarder la télévision ?
Ça va paraître bateau et classique, mais il est vrai que je rentre tard après les concerts donc je regarde essentiellement les émissions qui sont rediffusées tardivement comme Touche pas à mon poste avec Cyril Hanouna. Ça me permet de faire un petit tour d’actualité, très vulgaire bien sûr, mais au moins je sais ce qu’il se passe. J’aime beaucoup également On n’est pas couché et quelques séries comme Scènes de ménages.
Quel est votre rapport avec la télévision aujourd’hui ?
Je vais là où je suis appréciée pour ce que je fais. On peut critiquer mon travail tant que c’est constructif. On ne me reçoit pas pour m’humilier sur la place publique. Je joue le jeu et j’adore faire de la promo.
En participant à We love Disney, ou encore à d’autres évènements, vous touchez un large public. Estimez-vous que vous être transgénérationnelle ?
J’ai choisi ce métier, et j’ai beaucoup de chance que le public m’ait également adoptée. Je fais ce que j’aime. Si c’est à un moment une chanson dansante, puis un thème plus sérieux et romantique comme dans « Je te promets », et bien je ne m’interdis rien. Quand on m’a proposé We love Disney par exemple, je n’ai pas dit oui tout de suite, mais je me suis dit que ça pouvait être marrant. C’était au final un peu un rêve d’enfant de chanter la chanson d’un dessin animé que je regardais quand j’étais plus jeune. Je ne m’interdis rien.
Pensiez-vous toucher un public aussi jeune ?
Je savais qu’en participant à ce type d’évènement, la cible était jeune. C’est plutôt les parents qui achètent l’album dans ce cas. Les 12/13 ans n’iront pas se le procurer par exemple, car je pense qu’ils sont trop fiers et plus dans la rébellion. Si je peux rassurer des mamans, autant que bercer leurs enfants, moi ça me va très bien. Dans mes concerts, les gens ont de 7 à 70 ans, j’ai un public très large et j’ai beaucoup de chance.
Quels sont vos projets majeurs pour les mois à venir ?
Je prépare mon prochain album. Je cherche le véritable univers qui le déterminera. Faire des chansons, je sais le faire, maintenant je cherche aussi de la cohérence, et j’essaie toujours de mettre la barre plus haut.