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Simon Astier : le papa d’Hero Corp parle de la place de la SF en France

Claire Varin
Publié le 23/11/2012 à 13:39 Mis à jour le 28/07/2013 à 13:47

Acteur, scénariste et réalisateur, Simon Astier aime les séries et la science-fiction. En juillet 2012, il a rencontré la presse à l’occasion du Comic Con’ de Paris. L’homme de 29 ans évoque sa série Hero Corp (créée en 2008 et arrêté en 2010), la production française et ses projets.

Attention, depuis la réalisation de cet entretien, France 4 a annoncé le développement d’une saison 3 de Hero Corp.

Depuis trois ans, le public peut vous voir au Comic Con’ de Paris. En quoi êtes-vous lié à cet événement ?

Simon Astier  : On est un peu de la même famille. C’est une façon de rencontrer les gens dans un environnement bienveillant. On célèbre cette culture de l’imaginaire comme les organisateurs l’appellent. C’est une parenthèse dans l’année. Cette culture n’est pas du tout représentée dans la production française : il n’y a pas série, pas de film, ça n’existe pas. On est plus sur des enjeux psychologiques avec des mecs qui achètent un chien. On est moins sur du super-héros ou des histoires dans l’espace, alors qu’il y a un vrai public pour ça. Pourtant, c’est un public fou, fidèle et actif. C’est ce qui se passe pour ma série Hero Corp. Le Comic Con’ est donc un lieu où je me sens très bien.

Regrettez-vous cette absence de la culture geek dans les fictions françaises ?

La culture geek n’a aucune valeur aux yeux des décideurs alors qu’on distribue The Avengers, qui est par ailleurs un bon film, mais j’ai l’impression qu’il n’y a pas de crédibilité sur les productions françaises. Et puis, on n’a pas les moyens et ce n’est pas la même économie. Il faut trouver notre manière de le faire. François Descraques le fait très bien avec son Visiteur du futur. Par des chemins détournés, on va finir par arriver à faire de la SF française. Et puis, ces décideurs partiront bientôt à la retraite.

La science-fiction a-t-elle vraiment un avenir en France ?

Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de chaînes donc peut-être qu’il y aura bientôt de la place pour plus d’audace. Mais la course à l’audience fait que l’on construit souvent un programme en se disant ce qui marche, c’est les roux, les chiens, les divorces et les pompiers. Du coup, on fait une série avec des pompiers roux qui divorcent et qui ont des chiens. C’est vraiment ça ! Et on va donner un rôle au mec qui sort de la Star Ac. Mais en même temps, ça marche alors qu’est-ce que je peux dire ? En pic d’audience sur France 4, Hero Corp a fait 400 000 téléspectateurs. Je ne peux pas rivaliser avec Joséphine ange gardien, qui faisait 11 millions à l’époque. Je n’ai pas de légitimité, je ne peux que donner mon avis. Leur modèle marche, mais est-ce que Joséphine, ça marche en DVD ? Est-ce que les fans de Joséphine demandent des saisons supplémentaires ? Je n’en sais rien. Mais je pense qu’il y a de la place pour tout le monde.

La grille de France 4 fait de plus en plus de place à la science-fiction. Est-ce le signe que Hero Corp pourrait revenir à l’antenne ? (depuis la réalisation de cet entretien, France 4 a annoncé le développement d’une saison 3 de Hero Corp.)

Je l’espère. France 4 est une chaîne particulière. Au milieu des chaînes de la TNT, je la trouve pointue et agréable. Je me reconnais moins dans NRJ12, par exemple. Les Anges de la télé-réalité, c’est moins mon univers. Ça me fait moins rêver et, pourtant, là aussi ça marche. J’ai l’impression que France 4 cherche vraiment à devenir une chaîne thématique ou générationnelle. Ils se posent de très bonnes questions, sans se placer dans une course à l’audience.


Vous avez récemment déclaré « Hero Corp ce n’est pas tout à fait mort ». Quelle est la situation de la série ?

On a passé un cran parce que les fans ont gueulé, gueulé, gueulé. Une série relancée grâce aux fans, ce serait une première en France. Notre public me remonte le moral. Des fois, j’en ai marre d’attendre et c’est grâce à eux qu’on continue à essayer de le vendre partout. Maintenant, ils parlent directement - par leurs actions - aux diffuseurs. Le succès d’une série se mesure vraiment si on additionne toutes les formes de diffusion. Sur un site de streaming légal, dont je tairai le nom, Hero Corp est à 1.6 million de visionnages. Si on ajoute l’audience télé et le téléchargement illégal, ça devient cohérent avec le nombre de fois où on me parle de la série dans la rue. Tous les jours, dans la rue, on me demande quand est-ce qu’il y aura une saison 3.

Vous avez participé à la saison 3 du Visiteur du futur. Avez-vous d’autres projets ?

J’ai été à l’affiche de Cassos et j’ai fait un petit truc dans Astérix. Sinon, j’ai passé l’année à écrire des projets. J’écris un film pour Gaumont, qui devrait se tourner au printemps prochain, et je vais également le réaliser. Surtout, j’ai enfin réussi à me détacher d’Hero Corp. J’ai pris tellement de plaisir à faire cette série que je n’arrivais pas à passer à autre chose. Maintenant, je développe d’autres séries.

Est-ce comme faire un deuil de la série ?

Ce qui me guide, c’est le plaisir. Tout part de l’envie de raconter des histoires, mais si je n’y prends pas de plaisir, je ne me sens pas à ma place. Quand j’ai fait Hero Corp, j’étais dans un tunnel parce que je bossais tous les jours de l’année, nuit et jour, parce qu’on fait tout quand on n’a pas de budget. Mais c’était génial. Quand on te dit série sur les super-héros, tu fonces, peu importe la chaîne et le manque de moyens. Ça met dans un état extraordinaire que l’on veut reproduire après. Prendre du plaisir, c’est vraiment ce que je vise. Si je ne prends pas de plaisir, je me perds. Si Hero Corp repart, je poserai les valises. J’irai faire Hero Corp et je reprendrai ce que je suis en train de faire plus tard.

Vous écrivez aussi bien des films que des séries. Qu’aimez-vous dans l’écriture d’une série ?

C’est grisant de bâtir un monde dans lequel tu construis tes propres règles. À force de travail, les possibilités deviennent tellement vastes. C’est infini. On peut alors démarrer des relations avec les personnages, en tant qu’auteur ou en tant que spectateur. C’est du long terme, on peut faire évoluer les choses et jouer avec le temps. La narration de Lost m’a complètement bouleversé à l’époque. Maintenant, Lost c’est des grands-parents ringards. Mais c’était extraordinaire. C’est ce que j’aime dans les séries. Sur un long métrage de cinéma, c’est différent. Je me demande ce que je veux raconter ? Et c’est souvent une phrase ou des thèmes très bateau, genre le poids de ses origines. Une série, c’est une aventure. Tu grandis avec tes personnages.