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Révolution : le nouveau mode de financement des séries américaines

Robin Girard-Kromas
Publié le 25/06/2013 à 12:50 Mis à jour le 03/09/2019 à 20:36

Depuis dix ans, les audiences des grands networks américains ne cessent de chuter. Sur la saison 2012/2013, seules 12 séries diffusées sur ABC, NBC, CBS, FOX et CW sont parvenues à dépasser les 10 millions de téléspectateurs. À titre de comparaison, sur la saison 2002/2003, plus d’une quarantaine de fictions parvenaient à dépasser ce seuil.

L’inexorable chute des audiences mesurées par Nielsen trouve plusieurs explications : la montée en puissance des chaînes du câble avec un paysage audiovisuel très éclaté, la multiplication des enregistreurs (DVR) et du visionnage en différé ou encore le développement de la VOD et de la catch up TV.

Afin de parvenir à compenser ce recul d’audience synonyme de baisse des recettes publicitaires (-7%, soit 650 millions de dollars en moins sur un an, selon Adweek), les networks ont été forcés de trouver d’autres sources de revenus pour financer des séries dont le coût approche souvent 3 millions de dollars par épisode. Vulture, site internet rattaché au New York Magazine, a récemment publié une enquête complète sur les évolutions du mode de financement des séries. En voici les principaux enseignements.

Netflix payerait 650 000 $ par épisode de Vampire Diaries

Hulu, Netflix et Amazon à la rescousse. Pour pouvoir proposer les séries des grands networks sur leur plateforme, Hulu, Netflix et Amazon sont prêts à sortir le carnet de chèques auprès des sociétés de production. Selon les informations de Vulture, ces services pourraient donner jusqu’à 750 000 $ par épisode pour acquérir une série. Amazon aurait ainsi accepté de payer ce montant pour Under The Dome. Hulu, de son côté, débourserait près de 400 000 $ par épisode de Scandal et Once Upon a Time. Enfin, Netflix serait particulièrement généreux avec la CW, en offrant 650 000 $ par épisode de The Vampire Diaries, pourtant très loin de réaliser de grosses audiences sur le petit écran. De ce fait, un nouveau modèle économique peut se mettre en place pour des séries à faibles audiences, comme cela a pu être le cas avec Gossip Girl. De plus, ces nouveaux acteurs sont particulièrement intéressés par des séries disposant déjà d’un certain nombre d’épisodes, poussant les studios à se battre pour obtenir la commande d’une nouvelle saison auprès des grands networks.

Le marché international prend de l’importance. Alors que les revenus publicitaires des grands networks sur le marché américain sont en baisse, les studios de production peuvent compter sur l’international pour compenser. Ces dernières années, le succès des fictions américaines à l’étranger a poussé les chaînes du monde entier à se battre pour décrocher les droits de diffusion des fictions les plus ambitieuses. Toujours selon Vulture, Under The Dome parviendrait ainsi à cumuler environ 1.9 million de $ par épisode grâce aux ventes internationales.

Une série peut désormais être rentable avant même sa diffusion

Des « placements produits » plus importants . Si ce troisième point ne représente pas une manne financière régulière pour les studios de production, l’intégration de produits de certaines marques dans les séries offre un revenu supplémentaire. Concrètement, la saison dernière, Subway s’est offert une apparition dans Nashville tandis que Target a préféré miser sur la série Revenge.

Une série rentable... avant même sa diffusion ! Bilan de l’enquête menée par Vulture, une série peut désormais être rentable avant même sa diffusion. En effet, l’exemple de Under The Dome, fiction adaptée d’un roman de Stephen King et diffusée sur CBS, est assez frappant. En cumulant les revenus issus du streaming (750 000 $ / épisode), des ventes internationales (1.9 million $ / épisode) et d’un crédit d’impôt généreux de l’état de Caroline du Nord (400 000 $ / épisode), Under The Dome rapportera déjà plus de 3 millions de dollars par épisode, pour un coût de production estimé à cette même somme. À cela se rajouteront les revenus publicitaires, estimés à plus de 500 000 $ / épisode dans le pire des cas. Même si les audiences ne sont pas au rendez-vous, Under The Dome aura donc été une aventure rentable.

Ces évolutions importantes dans le financement des séries américaines sont toutefois observées avec attention par les grands networks américains. En effet, les plateformes comme Netflix et Amazon ont déjà fait part de leur envie de lancer leurs propres séries. Quand ces dernières auront obtenu la légitimité et la notoriété suffisantes, pourquoi continueraient-elles à payer des acquisitions à prix fort plutôt qu’à produire elles-mêmes ?