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Real Humans (Arte) > Rencontre avec le créateur des hubots, Lars Lundström

Claire Varin
Publié le 04/04/2013 à 18:49 Mis à jour le 15/05/2014 à 15:53

Succès public et critique en Suède, Real Humans (Äkta Människor) sera diffusée en prime time sur Arte à partir du 4 avril 2013. Cette série SF, mettant en scène un monde où humains et robots cohabitent, a été créée par Lars Lundström. Le scénariste suédois a répondu aux questions de Toutelatélé lors du Festival Série-Séries 2012. Rencontre.

Claire Varin : Comment décririez-vous Real Humans ?

Lars Lundström : La série parle d’un monde parallèle très proche du notre, dans lequel cohabitent Humains et Hubots. Ce sont des robots que l’on peut acheter pour en faire ce que l’on veut. Une aide ménagère, un partenaire sexuel ou un jouet. Ces robots sont très utiles dans la vie des gens. Mais cela crée aussi des tas de problèmes. La présence de ces robots modifie les relations entre les gens. Et certains tombent amoureux de ces humanoïdes. Cela offre des possibilités nombreuses et variées d’histoires à raconter. On peut voir ces robots comme des métaphores de sujets sociétaux comme l’immigration ou la transsexualité.

Comment ce projet est-il né ?

C’est une idée que j’avais depuis longtemps, mais je ne voyais pas comment réaliser ce projet alors je l’ai gardé le projet dans un coin de ma tête. Puis en 2009, j’ai écrit une histoire. Mes partenaires et moi avons une petite société de production, Matador Film. Nous avons été voir la chaîne publique SVT1, qui a la plus grosse audience en Suède. Ils ont aimé les deux premiers synopsis et ont demandé à en lire davantage. La production a démarré quelques mois plus tard.

A-t-il été difficile de convaincre la chaîne ?

On avait un premier interlocuteur très enthousiaste, mais il a fallu convaincre les autres parce que la série était très différente de ce qu’ils avaient l’habitude de faire. Certains trouvaient le projet un peu trop fou. Le genre Science-fiction peut créer une certaine méfiance, mais Real Humans est une série qui parle surtout des gens. On a réalisé un pilote de 10 minutes pour leur montrer ce que nous comptions faire.

« Personne ne m’a imposé une direction à prendre »

Vous ont-t-il laissé la liberté de faire ce que vous vouliez ?

Globalement oui. Ils m’ont laissé la liberté de raconter mon histoire. J’ai réécrit chaque épisode six ou sept fois. J’aime la réécriture. Je crois que c’est important de discuter sur chaque version d’un scénario autour d’une table avec le réalisateur et les producteurs afin d’en tirer le meilleur. J’aime cette collaboration autour d’un projet. C’est un gros travail, mais personne ne m’a imposé une direction à prendre.

Diriez-vous que c’est une série politique ?

Oui et non. Dans mon esprit, ce n’est pas une série politique parce que je n’ai pas de mission politique. Les sujets et les thèmes abordés peuvent être vus comme politiques, mais on n’impose pas un point de vue contre un autre. On expose les sujets sous différents angles.

Mais en tant que scénariste, est-ce important pour vous d’apporter une réflexion sur le monde ?

Oui, c’est important de faire réfléchir les gens et de les faire réagir. Personnellement, j’aime voir des séries qui me poussent à me poser des questions. Je crois que c’est l’essence pure de l’art de produire des sentiments et des réactions chez le public. Je n’aime pas quand les choses sont présentées de manières simples et faciles. Tout n’est pas noir ou blanc. La vérité de ce monde est plus complexe. J’aime donc écrire sur la complexité des relations, de ce monde. Et ça fait des histoires plus intéressantes.

Partie 2 > La saison 2 de Real Humans est-elle assurée ?


Aviez-vous des références spécifiques ?

J’aime différents genres, la comédie, le drame, le suspense, le crime, l’horreur. Et quand j’écris, j’essaye de les combiner. Je suis influencé par la culture populaire. La science-fiction n’est pas vraiment un genre qui m’intéresse alors je n’ai pas lu beaucoup d’ouvrages SF avant d’écrire Real Humans.

Que pouvez-vous dire du casting ?

Nous avons des acteurs formidables. Je n’aurais pas pu être plus satisfait. Ce genre de série a besoin de bons acteurs. Le téléspectateur doit pouvoir plonger dans cet univers et se noyer dans les intrigues. Si le public ne croit pas à l’authenticité de l’histoire, ça ne fonctionne pas. Et c’est essentiellement le travail des acteurs de rendre l’histoire authentique et plausible.

« Nous sommes en train d’écrire la saison 2 »

Avez-vous choisi des acteurs populaires ?

Non, certains d’entre eux sont familiers du public, mais nous n’avons pas choisi de comédiens très populaires. Je crois que ça n’aurait pas fonctionné sur cette série. Les Hubots sont les stars de Real Humans. Nous ne voulions pas qu’un acteur star interfère avec cet univers de SF.

Une saison 2 est-elle prévue ?

Nous sommes en train d’écrire la saison 2. Rien n’est encore définitif, mais STV1 devrait donner son feu vert. Si tout va bien, la saison 2 sera prête pour octobre 2013.

Les productions scandinaves (The Killing, Borgen, The Bridge) ont actuellement une renommée internationale, avez-vous une explication à ce succès ?

Je crois que nous écrivons de bonnes histoires. Et en parallèle, nous avons aussi de très bons auteurs de romans policiers, tels que Stieg Larsson et Henning Mankell. Beaucoup de ces séries à succès sont des séries policières. C’est un genre que l’on travaille depuis longtemps. Et je crois que les romans policiers à succès ont eu une influence sur ces séries. Le succès de Millenium a ouvert des portes. Si les Américains et les Français aiment ces séries, c’est peut-être parce qu’elles sont différentes et qu’elles leur semblent un peu exotiques. C’est sombre mais de la bonne façon (rire).