Pascal Praud (Coupe du Monde - i>Télé) : « On a une volonté d’expertiser, de gagner la bataille du fond »
Pascal Praud anime les débats et vit le football. Sur i>Télé (13H foot et 20H foot) avec François Pinet ou sur RTL (Le Grand Match de Ligue 1, Multiplex RTL - Ligue 1, On refait le match), il décrypte les grands moment de la planète football. L’ancien journaliste sportif de TF1 jouera les prolongations pour faire vivre la Coupe du Monde à ses téléspectateurs. Pour Toutelatele, il dévoile les dessous de son dispositif.
Clément Gauthier : Que gardez-vous de votre expérience à TF1 de 1988 à 2008 ?
Pascal Praud : Je suis sorti de l’école de journalisme puis je suis allé à TF1. Je garde un bon souvenir d’avoir appartenu à une chaîne leader qui avait à l’époque tous les droits du football. C’était la Ligue des Champions et l’Équipe de France. J’ai la chance d’avoir accompagné la plus belle équipe de France de tous les temps. C’était une opportunité incroyable. En plus, il y avait l’Olympique de Marseille avant ça. Les journalistes de football ont connu, dans ces années-là, une période bénie. Quand l’OM est champion d’Europe, je suis sur la pelouse, et je passe ma vie à Marseille avec eux. Ça me valait de solides inimitiés à l’époque avec le Paris-Saint-Germain de Canal + d’ailleurs.
Vous avez trois rendez-vous sur RTL et deux rendez-vous sur i>Télé. Pensez vous prendre plus de risque avec On refait le match sur RTL ou le 20H foot de i>Télé ?
Le risque n’est pas le mot qui conviendrait. C’est un métier de plaisir où l’on traite une actualité plus légère que bien d’autres. On essaie simplement d’apporter un peu d’impertinence, de décalage, de ne pas avoir la langue de bois, d’être informatif, d’être dans le commentaire et de créer un climat sympathique. Lorsque les gens nous écoutent sans connaître forcément le contenu, ils peuvent apprécier la bonne humeur ambiante. C’est fait pour ça la télévision en matière de sport. J’essaie de mettre en place, sur le plateau, un climat où les gens sont à l’aise, ont la liberté de parole sans se sentir écrasés. Moins je parle, mieux c’est, car ça veut dire que le plateau vit bien.
Est-ce plus difficile de faire des commentaires sur les matchs à chaud ou de tirer les conclusions le jour d’après ?
Je trouve qu’on est toujours mieux sur le direct en intervenant pendant les matchs, à la mi-temps, parce que le jugement n’est pas contaminé par les discussions environnantes. Et ça peut être efficace. Je me souviens après Ukraine-France, j’avais piqué un petit coup de colère parce que, justement, j’étais dans l’émotion du match.
« C’est un métier de plaisir où l’on traite une actualité plus légère que bien d’autres »
À ce moment, vous avez donné un avis tranché et franc. Avez-vous été marqué par les commentaires qui vous ont été faits à ce sujet ?
Non, car les gens qui travaillent avec moi le savent, je suis un vieux monsieur. Ça fait 25 ans que je connais ce petit jeu médiatique. Par rapport à d’autres journalistes, j’ai pris beaucoup de coups à Nantes. On est habitués à être critiqués. Les réseaux sociaux sont un défouloir. Parfois, je réponds en disant, « merci pour votre délicatesse » ou « merci pour votre gout de la nuance ». Parfois, je retweete les insultes. Tout ça n’est pas très grave.
Avez-vous parfois envie de revenir sur ce que vous avez dit, comme votre mot sur les dirigeants parisiens ?
J’ai dit que les nouveaux riches se comportent parfois comme des ploucs. Là encore, il ne faut pas le prendre au pied de la lettre. On essaie de ne jamais être insultant, mais d’être drôle. J’ai dit une chose plutôt juste d’ailleurs, car la manière dont ils avaient géré le cas Ancelotti était étrange. Ils lui ont parlé comme à leur valet.
Partie 2 > En route vers la Coupe du Monde
Récemment vous avez écrit un éloge sur Didier Deschamps sur votre blog Yahoo. Auriez-vous du mal à être critique envers lui ?
J’aurais beaucoup de mal à critiquer Didier Deschamps parce que je pense qu’il fait très peu d’erreurs. Ça ne veut pas dire qu’il gagnera la Coupe du Monde. Il a aussi le matériel qu’on lui donne. Je pense que Deschamps valorise à 100% l’équipe qu’il a. Il ne fait pas d’erreur de coaching. Il ne fait pas d’erreur d’appréciation psychologique sur les joueurs. Il se trompe très peu.
Mesurez-vous le risque important qu’il y ait des doublons entre vos sujets et ceux de la concurrence ?
C’est comme dans un restaurant. Tout le monde fait un steak tartare, mais tout le monde a une manière différente de le cuisiner. Les JT de 20H ou les Unes de la presse sont les mêmes. Tout le monde a la même information, mais tout le monde la traite de façon différente. C’est aussi lié à notre casting. On a Alou Diarra, Jean-Luc Arribart et Alain Roche. On a une volonté d’expertiser, de gagner la bataille du fond. Avec eux, on peut avoir des journalistes qui voient le football peut-être de manière plus sociétale ou qui l’interprète différemment. On ne regarde pas les autres et ce qu’ils font. On essaie de se faire confiance. J’essaie d’être au plus près de mes convictions et de ne pas être dans le politiquement correct.
Vos invités disent parfois que vous n’avez pas l’esprit jeune. Êtes-vous d’accord avec ça ?
Je suis un vieux monsieur. Il m’arrive de caricaturer la coiffure des footballers ou de m’en étonner. Des fois, ça fait vraiment le vieux schnock qui vient mettre son grain de sel.
« J’essaie de ne pas être dans le politiquement correct »
Comment allez-vous organiser les rendez-vous pendant la Coupe du Monde ?
Ce qui est intéressant, c’est notre tandem avec François Pinet et l’équipe qui travaille avec nous. Le choix d’i>télé est de fait vivre l’équipe de France 24h sur 24. Tout savoir des informations à l’intérieur comme à l’extérieur. On a Olivier Le Foll et Julien Pasquet qui suivent les bleus. C’est un marquage à la culotte. En plus, on a des consultants comme Alou Diarra qui nous dira comment ça se passe dans le vestiaire grâce à ses informations.
Vous écrivez pour le Service Littéraire.fr Vous retweetez aussi Bernard Pivot qui cite Romain Gary. Quel genre de lecteur êtes-vous ?
Je ne lis que des romans et j’adore qu’on me raconte une histoire. Dans les contemporains, il y a Emmanuel Carrère qui est formidable. J’aime bien Jean Echenoz, Françoise Sagan ou des auteurs comme Henry de Montherlant. J’aime bien les moralistes qui ont réfléchi sur la société, les aphorismes. Je lis Paul Morand, Patrick Modiano, Marcel Pagnol. J’ai beaucoup lu Georges Simenon. Mais Simenon, c’est triste donc on finit par en avoir ras-le-bol. Je ne lis pas de littérature étrangère.