Maïtena Biraben
En septembre 1997, après l’échec de Vue sur la mer, un talk show décalé sur une plage, produit par Ardisson et Lumières, Maïtena Biraben n’en menait pas large... Huit ans après, l’animatrice est l’une des femmes les plus en vue du métier. « Piquante » semble avoir été un qualificatif créé pour cette fausse brune qui n’a jamais été une blonde dans l’âme.
Naissance en Suisse en juillet 1967, classes à la Radio Suisse Romande, de 1989 à 1996, puis à la télévision du même pays - la TSR - en tant que productrice artistique et animatrice d’une émission « décalée », délicieusement intitulée Ca colle et c’est piquant. Maïtena aiguise ses couteaux : l’humour vache, le style mi-tendre mi-cassant, de bons mots travaillés sous la lampe... La Maïtena « sauce diable » est prête à accoster en France. Thierry Ardisson la repère et la met dans ses filets. Télé Casting sur M6, Vue sur la mer sur France 2, et leurs routes se séparent. L’homme en noir n’a pas donné carte blanche à une Biraben, dont certains critiquent l’insolence pour l’insolence et le vide intersidéral du talk show estival. Il lui faut un autre pygmalion.
William Leymergie la ramasse au creux de la vague. Il l’emmène avec lui sur France Inter et lui confie la chronique cinéma de Télématin, de 1999 à 2001. Maitena Biraben est une bosseuse. Elle sait que la télévision rappelle toujours les échecs et que Vue sur la mer va lui coller encore longtemps sous les baskets. Elle surfe de France 2 à France 3, passe de la présentation d’Emmenez-moi (le guide du Routard version télé, passé inaperçu) à des reportages sur la toxicomanie, la pauvreté, le sida, et assure la rédaction en chef d’un magazine culturel sur La 3, joliment baptisé Plumes z’et paillettes. Mais les places à la télé sont chères, et Maïtena rebondit de projets en projets, sans se faire une place au soleil.
Le 10 septembre 2001 est à marquer d’une pierre blanche dans cette carrière en dents de scie. Maïtena Biraben arrive sur France 5. La chaîne a pensé à elle pour une émission spécialisée dans l’art d’être parents, baptisée Les Maternelles. A trente-quatre ans, la jeune femme se pose. Maman d’un petit garçon, elle cajole ce programme comme un bébé. Elle fait rire, elle pleure, elle pose de vraies questions à de vraies spécialistes de l’enfance, de la maternité, de la paternité, chaque matin, à 8h45, devant un public toujours plus grand (l’audience a doublé, de 2001 à 2004 et Michel Drucker a affirmé la regarder tous les jours). De fil en aiguille, Les Maternelles, sept d’or de la meilleure émission éducative, contribue à l’éclosion d’une France 5 à l’image plus jeune, plus active, dont Maïtena va peu à peu devenir l’un des plus célèbres visages.
En septembre 2003, la chaîne met à l’antenne Psychologies : un moment pour soi, un talk show hebdo à la mode Biraben, où la jeune femme réfléchit aux problèmes psychologiques de ses contemporains avec un spécialiste. Mais déjà, à cette époque, les rumeurs de transfert vont bon train au sujet de la belle. France 2 voudrait en faire sa nouvelle Miss Variétés... Maïtena présente en effet, deux émissions de prime time, cette saison-là, sur la chaîne publique (Sol en Cirque, Parlez-moi d’humour). Si la première, qu’elle coanime avec Guillaume Durand, obtient un beau score d’audience (25,7% de part de marché), la seconde dégringole à 14%, en collison frontale avec la toute nouvelle Ferme Célébrités de TF1. Est-ce ce résultat peu rassurant qui fera reculer Maïtena Biraben, quelques mois plus tard, au moment où elle s’apprête à signer un contrat avec France 2 pour des spéciales en prime time ?
En septembre 2004, la jeune femme se retrouve sur Canal +, contre toute attente. La chaîne cryptée lui a offert sa nouvelle émission de midi, que Maïtena baptise Nous ne sommes pas des anges. Le concept : la faire causer de tout, de rien, entouré de chroniqueurs spécialisés en musique, en cuisine, en cinéma, en santé etc. « Magazine sexué, généraliste et pratique », confie la jeune femme à la presse lors du lancement de l’émission. Depuis, la formule se rôde, l’audience progresse lentement, dépassant les 500 000 téléspectateurs. Maïtena Biraben préfère la lumière tamisée de Canal aux feux des projecteurs d’une grande chaîne hertzienne. A trente-huit ans, elle veut faire les choses dans l’ordre, en se rappelant qu’on l’a fait un jour aller trop vite...