Toutelatele

Kareen Guiock (Le 12.45 sur M6) : « Le public a confiance en notre information et il sait qu’il ne trouvera pas mieux ailleurs »

Par
Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 07/09/2015 à 12:26 Mis à jour le 07/09/2015 à 13:07

Benjamin Lopes : Vous présentez Le 12.45 depuis 2012 sur M6. En abordant cette quatrième saison, quel est votre bilan ?

Kareen Guiock : Plutôt bon. C’est un rythme difficile et très exigent. On peut parler de véritable sprint et c’est passionnant. Il y a une grande part des événements qui se passent le matin et donc c’est super d’être au cœur de l’actualité et d’être réactif. C’était trois saisons difficiles en termes d’attentats, de drames et de catastrophes, à l’image de ce qu’est l’humanité.

Vous bénéficiez d’un nouveau décor en 3D et en réalité augmentée depuis la rentrée. Qu’apporte-t-il selon vous ?

De la lisibilité principalement. C’est d’ailleurs tout le principe puisque les technologies sont au service de l’information. Plutôt que d’avoir des éléments derrière dans le fond et que le téléspectateur soit obligé d’aller les chercher, on les lui apporte. C’est un environnement moderne qui démontre encore une fois que M6 est la chaîne qui se permet le plus de révolutionner les codes du JT qui était un peu sacro-saint et auquel il ne fallait pas toucher. La concurrence suit donc tant mieux.

« M6 est la chaîne qui se permet le plus de révolutionner les codes du JT »

La concurrence s’est justement inspirée des journaux de M6. Cela vous agace-t-il ?

Cela veut dire qu’on a eu raison et qu’on a un temps d’avance. Il faut que l’on garde cette patte-là, que ce soit en termes de contenus ou sur la forme. On est dans le vrai et on traite le JT comme un magazine. On ne changera jamais le fond car ça reste l’information, mais en revanche on peut faire évoluer le cadre et le rendre plus moderne et plus proche de ce que les gens vivent au quotidien.

Le 12.45 va être rallongé dans les prochaines semaines. Y-aurait-il plus de sujets d’information pure ou allez-vous prévoir de nouvelles rubriques ?

Tout d’abord, c’est une vraie confiance de la part de la chaîne de nous offrir ce temps d’antenne en plus. Nous allons proposer un magazine d’information. L’idée est de mettre en avant des anonymes, des initiatives et des héros du quotidien. On restera toujours au plus proche des gens avec un angle différent.

Cette évolution arrive-t-elle au moment où Le 12.45 ne perd plus de téléspectateurs après le démarrage de ceux de la concurrence ?

On a effectivement plus de décrochage. Jusqu’il y a quelques années, on observait un phénomène de curiosité pour Le 12.45 et vers treize heures, le public allait regarder les sujets d’ouverture sur les autres chaînes. Maintenant ce n’est plus le cas. Le public a confiance en notre information et il sait qu’il ne trouvera pas mieux en changeant de chaîne. C’est déjà un vrai gage de qualité.

« J’ai un grand respect pour le téléspectateur et pour les faits d’actualité »

Vous réalisez de belles performances auprès de la cible commerciale. Vos objectifs sont-ils atteints ?

Ce n’est pas un objectif en soi même si M6 reste une chaîne commerciale, bien entendu. La chaîne est forcément attentive à ces scores. À notre niveau, à la rédaction, on ne l’est pas forcément même si on est ravie de savoir qu’on réalise de bons scores. Nous ne sommes pas obsédés par les chiffres.

On peut vous voir interagir fréquemment avec les téléspectateurs sur les réseaux sociaux. Est-ce quelque chose d’important pour vous ?

J’aime le côté bonne copine, « girl next door », c’est pourquoi j’échange beaucoup sur les réseaux sociaux. On peut être proche des gens et c’est plutôt sympathique. Après, cette proximité n’est pas demandée par la chaîne sur la marque du 12.45, c’est quelque chose qui m’est propre. On discute des contenus des journaux et pas seulement de mes tenues (rires).

Le 12.45 est porté par votre bonne humeur. Est-ce finalement votre marque ?

J’ai un grand respect pour le téléspectateur et pour les faits d’actualité. Quand il est question d’ouvrir un JT avec des faits divers ou des meurtres, on ne peut pas être léger. Le sujet impose d’avoir une forme de gravité sans exagérer. J’essaie d’avoir un ton entre l’empathie et la neutralité, tout en conservant une forme de rigueur. Au fur et à mesure qu’on se rapproche de la fin du journal avec des sujets plus légers, il n’y a pas de raison de garder cette gravité-là. Si c’est drôle et que ça m’amuse, je vais rire. Je ne vais pas me l’interdire. À l’inverse, beaucoup de sujets m’ont fait pleurer en sortant du plateau. Après ce n’est pas un one man show mais je ne m’interdis pas d’être vivante.

« Le 12.45 n’est pas un sous-JT par rapport à celui du soir »

Vous avez déjà remplacé Xavier de Moulins sur Le 19.45. Cette adrénaline ne vous manque-t-elle pas ?

Non, car c’est pareil. L’adrénaline est la même avec deux millions ou quatre millions de téléspectateurs parce que le métier n’est pas différent. Ce n’est pas plus solennel et c’est autant de pression. Le 12.45 n’est pas un sous-JT par rapport à celui du soir. À la limite, il y a plus de confort sur Le 19.45 car vous avez plus de temps pour l’écriture. On ne rend pas beaucoup honneur aux journalistes qui font les JT de la mi-journée alors qu’on a une façon de travailler plus dense avec trois heures d’écriture, contre huit à neuf heures pour les JT du soir. On a une charge de travail qui est lourde en peu de temps et c’est excitant.

À l’instar de La plus belle région de France l’année dernière, avez-vous des projets pour cette saison ?

La présentation d’un magazine me tenterait bien. J’aime la distance qu’il peut y avoir, à savoir prendre le temps de revenir sur des événements. Ça m’arrive d’être joker de Xavier de Moulins sur 66 minutes et j’apprécie l’exercice. Mais je l’adore, donc je ne vais pas lui prendre sa place, il n’a aucun souci à se faire (rires).