Juliette Longuet, sur les traces de Carrie Bradshaw
Diplômée de l’Institut Supérieur de Commerce à Paris, Juliette Longuet a souhaité vivre son rêve américain il y a quelques années. Une marque de vêtements plus tard, cette ancienne assistante chef de produit pour l’Oréal s’est installée à New-York. Depuis la rentrée dernière, l’intéressée propose de servir de guide touristique à Big Apple depuis la rentrée dernière sur Filles TV. Pour Toutelatele.com, Juliette Longuet revient sur son émission et le rapport très intime entre la mode et la télévision...
Tony Cotte : Depuis la rentrée dernière, vous oeuvrez comme guide touristique à New York pour les besoins de Filles TV. Pouvez-vous nous raconter la genèse de votre émission ?
Juliette Longuet : Après avoir reçu de nombreux compliments sur mon look au quotidien, j’ai lancé, il y a 6 ans, ma marque de vêtements. De la même façon, je faisais souvent part de mes bons plans à New York sur les derniers endroits à la mode ou les boutiques les plus branchées. Avec le nombre recrudescent de touristes français, j’ai eu l’idée d’écrire un pilote d’émission. J’aimais le principe de tourner dans une ambiance dynamique à la manière de Paris dernière avec une mise en scène jeune et des musiques très tendances. Stéphane Simon, fondateur de Télé Paris, a adoré le concept, sans savoir à quelle chaîne le proposer. Heureusement, à ce moment-là, Filles TV a contacté la boite de production pour leur demander de changer leur image et de cibler un public un peu plus âgé. Le projet leur a finalement été proposé et a abouti en septembre dernier à l’occasion de Fashion week.
Au cours des épisodes, vous faites de belles rencontres comme Abel Ferrara croisé dans un bar ou encore l’acteur Adrian Grenier dans le cadre d’une soirée de charité. Est-ce réellement le fruit du hasard ou ces entrevues sont organisées en amont ?
Il arrive que ce soit le hasard, comme lorsque nous avons croisé Ivana Trump à l’entrée d’un magasin. Nous l’avons approché et improvisé une interview sur le champ, en prenant soin d’être agréables avec elle compte tenu de l’environnement. Pour Abel Ferrara, il était prévu de le rencontrer. Après un long retard, nous ne savions pas exactement où il était. C’est en se promenant dans son quartier qu’il nous a retrouvés et nous avons tenté de le suivre. C’est une personnalité très intense (rires).
Cette démarche casse réellement l’image des interviews « à l’américaine » où tout est calculé à la seconde près. Finalement, les artistes outre-Atlantique sont-ils plus accessibles qu’ils n’y paraissent ?
Assurément ! Avant même d’aller vers les artistes, je repère les agents pour leur expliquer le principe de New York, New York. En général, ils adorent le concept et le fait de représenter la télévision française avec un public ciblé. Par principe, je ne prépare jamais mes questions afin de garantir la spontanéité et d’éviter de poser toujours les mêmes. Les artistes pensent en revanche souvent me connaître depuis toujours et me sautent dans les bras. Je joue le jeu et c’est ça aussi les interviews à l’américaine ! En France, les artistes sont bien plus distants....
Avez-vous dû faire face à des refus ?
Pour l’instant, nous avons eu beaucoup de chance. Mais nous ne faisons pas une interview façon « tapis rouge ». La mise en scène est originale, les questions sont spontanées et le tout est très court. Nous prenons peu de temps, car on sait que seulement 2 minutes seront proposées après le montage. Certains artistes sont particulièrement séduits par le concept. Dans quelques jours, nous allons rencontrer Yannick Noah qui aime beaucoup notre émission. Nous jonglons entre les personnalités américaines ravies de répondre à la télévision française, et des artistes de l’hexagone qui sont à Manhattan, comme Inès de la Fressange ou encore Lou Doillon.
Installée depuis 6 ans aux États-Unis, quel regard portez-vous sur la France aujourd’hui ?
Quand je rentre je viens uniquement à Paris. J’adore l’architecture et la beauté de cette ville, ce que j’avais oublié quand j’y vivais. Nous n’avons pas les mêmes yeux en tant que touristes ou résidents. Ma maison est aujourd’hui New York. Certaines choses m’exaspèrent ici...
Pouvez-vous donner quelques exemples ?
Aux États-Unis, je peux retourner en magasin si un article ne me plaît pas ou quand on reçoit un cadeau qui ne convient pas. En France, c’est impossible, il faut absolument le ticket de caisse et encore... Le service clientèle est inexistant, on préfère perdre les clientes plutôt que de rembourser ou échanger un produit ! Dans la rue, même à Paris, les gens regardent généralement de haut quand on porte du rose fluo de la tête aux pieds, personne ne me regarderait à New York. L’ouverture d’esprit est bien plus agréable.
Être Française est-ce un plus pour faire son nom dans l’industrie de la mode outre-Atlantique ?
Les Américaines adorent la mode frenchy, le simple fait de prononcer le mot « Paris » en fait rêver plus d’une. Je joue sur cet aspect-là. Mes créations sont françaises, distinguées et près du corps, ce que ne proposent pas forcément les designers américains. Mes clientes de France adorent également la marque, car elle a une consonance américaine étant donné que je vends mes vêtements là-bas. En réalité, je dois mon succès au fait de jouer avec ma nationalité.
Mode et télévision font de plus en plus bon ménage comme on peut le voir avec des fictions comme Sex and the city, Ugly Betty, Gossip Girl ou encore un docu-réalité comme The Hills. Ces productions ont-elles un réel impact dans le milieu ?
Je suis partagée sur la question. Sex and the city a vraiment lié le monde de la télévision à celui de la mode. Des marques comme Manolo ont réellement été propulsées grâce à la série et au marketing. Les femmes arrivent déjà dans les boutiques en réclamant la copie conforme d’une tenue vue dans un épisode. En France, la clientèle préfère acheter ce qui lui plait pour avoir son propre style et non pas ce que Sarah Jessica Parker porte.
Peut-on dire que l’approche américaine est plus formatée ?
La femme américaine a sans doute moins de style à l’origine, d’où le succès des services et des « personal shopper ». Elles ont besoin de quelqu’un pour se prendre en main et leur dire ce qu’il faut porter. Les Françaises, elles, ne sont pas habituées aux services et n’ont pas envie de payer pour en avoir un. Les mentalités sont réellement opposées.
Une Carrie Bradshaw existe-t-elle vraiment à New York ?
Comme Carie Bradshaw, certaines américaines vont dépenser leur salaire dans la mode au lieu d’investir dans un projet plus ambitieux ou dans la culture. D’autres vont même jusqu’à louer un petit studio pour en faire un dressing, c’est très impressionnant ! En règle générale, les femmes à New York sont des working-girl qui fondent leur foyer très tard et commencent à travailler dès le plus jeune âge. Aujourd’hui, certaines occupent à 19 ans des postes inaccessibles en France avant 30 ans.