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Félicien Taris (« Le Crunch » - Toute une histoire) : « Si les Anglais ont inventé le rugby, les Français l’ont magnifié »

Antoine Delplanque
Publié le 18/03/2016 à 17:21

Félicien Taris, auteur du livre « Le Crunch », relatant l’évolution de la rivalité entre la France et l’Angleterre en Rugby, s’est confié à Toutelatele sur l’adaptation de son ouvrage en film, qu’il a lui-même réalisé. Il revient également sur le plaisir qu’il a eu à rencontrer les différents intervenants et sur la place du ballon ovale à la télévision. Rencontre.

Antoine Delplanque : Comment avez-vous eu l’idée d’écrire ce livre sur le Crunch ?

Félicien Taris :Tout simplement, car j’avais consacré mon premier livre à la rivalité entre la France et la Nouvelle-Zélande. Faire des livres sur le rugby n’est pas ma vocation première, mais je veux raconter quelque chose que les gens ignorent et qui me passionne personnellement. Je me suis aperçu qu’il y avait un lien fort entre les deux pays que tout unit. J’ai aussi été poussé par l’histoire de William Webb Ellis, l’inventeur d’un sport dans lequel les Anglais se disent être les meilleurs, dont la dépouille est chez nous en France.

Comment avez-vous procédé pour l’élaboration de ce livre ?

Je suis parti tout d’abord sur le côté historique de ce sport et après pour intéresser un plus large public, j’ai noté tous les Crunch qu’il y a eu de 1906 à aujourd’hui. Je voulais que ce soit une sorte de bible dans laquelle il y a toutes les dates. On retrouve des moments forts du livre dans le film. Le but était de faire revivre des matchs comme celui de 1991 et faire vibrer les gens avec des mots de passionnés. Les anecdotes historiques étaient aussi cruciales.

Trouvez-vous que les Crunch ont évolué au fil des ans ?

Sportivement oui, le jeu est totalement différent. Mais quand je me suis plongé dans la réalisation du film, j’ai pris conscience que sur le terrain les affrontements n’étaient pas beaux, mais il y avait une histoire. Quand on jouait contre les Anglais jusque dans les années 1990/95, on sentait une vraie rivalité forte. Il ne faut pas oublier qu’au départ, l’Angleterre nous invitait à jouer contre elle, car ils savaient que ça allait être une hécatombe. Malheureusement, si eux ont créé le rugby, les Français l’ont magnifié (Rires.) Je trouve qu’il n’y a plus la même mémoire qu’auparavant, on perd des valeurs historiques. Quand un joueur met le maillot, il se doit de connaitre l’histoire de dernier. J’ai l’impression que l’on tourne à l’envers.

Avez-vous le sentiment que le rugby n’est pas assez mis en avant à la télévision ?

Le sport fait des records lors de ses diffusions, mais il est vrai que ce n’est pas simple d’en regarder de manière régulière. Si on n’a pas Canal +, on ne peut pas voir de matchs. La chaine fait cependant des choses très bien comme Intérieur Sport, qui nous permet de nous immiscer dans les coulisses de certains sports. Je remercie également France Télévision de m’avoir permis de faire un film, de m’avoir donné une totale liberté. J’espère qu’il sera le premier d’une série historique.

« Le but était de faire revivre des matchs comme celui de 1991 et faire vibrer les gens »

Tous les intervenants présents dans le documentaire ont-ils immédiatement accepté de se confier à vous ?

Oui, et ils ont rapidement accepté. Clive Woodward m’a tout de même demandé l’axe du documentaire. Il y a aussi des gens que l’on imagine utiles, mais au fur et à mesure du film on se dit que ça ne sert à rien qu’ils interviennent. Pour exemple, je n’ai pas pris Sébastien Chabal, car je ne savais pas quoi lui demander et qu’il n’a pas marqué les Crunch. Par contre, des personnes comme Serge Blanco ou Jean-Pierre Bastiat ont été sélectionnées parce que je savais ce qu’ils allaient dire. Je pense aussi à Richard Dourthe, considéré comme un moins que rien qui a massacré un joueur adverse lors d’un match. Je voulais savoir pourquoi il avait fait ça, sans pour autant le juger.

Souhaitiez-vous inviter une autre personne ?

Il y a peut-être Brian Moore, mais malheureusement il était en déplacement. Après, j’ai eu la chance d’avoir Will Carling. Je suis sûr qu’après le film, les gens vont l’adorer, alors qu’il n’est pas un personnage très apprécié des Français. On voit également Jonny Wilkinson raconter des choses jamais dites.

François Berléand prête sa voix, était-ce un choix de votre part ?

Je réfléchissais à savoir qui pouvait apporter un plus au documentaire. Le savant fan de rugby, je l’ai appelé, je lui ai raconté le projet et il m’a dit oui immédiatement. Je lui est donc envoyé les voix off et il a ajouté sa touche personnelle. Il amène un côté doux dans une histoire dure, tout en répondant aux différents intervenants. Il est l’observateur qui nous fait passer d’une époque à une autre.

Avez-vous des projets littéraires ou de nouveaux dans la production ?

Oui, je suis en pleine rédaction d’un livre, mais je ne peux pas trop en parler pour l’instant. Je suis également en train de travailler sur l’adaptation de mon premier ouvrage, « France-Nouvelle Zélande - Toute une histoire », pour le prochain match entre les deux équipes. J’ai déjà rencontré des All-Black et je dois encore en interviewer d’autres. J’avoue aussi trouver attrayante l’idée d’adapter mon livre « La coupe du monde de Rugby, Toute une histoire. » Le film peut être exceptionnel.

Les livres de Félicien Taris