Éléonore Sarrazin (Plus belle la vie) : « Sabrina ne peut pas exister sans la technologie d’aujourd’hui »
Sabrina Gocelin a succédé à Mélanie Rinato au poste de serveuse au bar du Mistral. La jeune femme, très branchée réseaux sociaux / télé-réalité et soucieuse de son apparence, a été vite adoptée par le quartier. Elle vit à présent au sein de la colocation avec Nathan, Barbara, Abdel ou encore Alison. Son interprète, Éléonore Sarrazin, est revenue sur l’addiction de Sabrina aux réseaux sociaux, en affirmant que son personnage n’aurait pu être présente lors des prémices du feuilleton.
Joshua Daguenet : Sabrina a beaucoup changé dans le feuilleton. D’une jeune femme contrainte de dormir dans sa voiture, elle a gagné beaucoup en assurance et ne se laisse pas marcher sur les pieds…
Éléonore Sarrazin : En arrivant dans la série, Sabrina était déjà habituée au confort, étant toujours apprêtée. Ce n’est pas une évolution aussi dramatique car on a expliqué qu’elle s’était séparée d’un petit copain et l’une de mes premières répliques dans la série a été : « Il a gardé l’appartement et moi le sèche-cheveux ». Son confort esthétique est plus important que de s’accrocher à quelqu’un qui va lui donner une stabilité financière.
Ce confort de vie a-t-il endurci Sabrina ?
Sabrina n’a jamais oublié la période où elle a vécu dans sa voiture. Elle en parle encore de temps en temps. Cette fille, que l’on peut juger légère, a encore plus d’humanité. Son fil rouge est son envie d’être vue et d’être aimée. Elle a été endurcie avec ce changement de vie mais sans fondamentalement changer.
L’appétence de votre personnage pour la télé-réalité n’est plus à démontrer. Pour l’étoffer, consommez-vous ce type de programme ?
Honnêtement, ce n’est pas mon cas. Pour ma part, j’ai regardé plusieurs interviews de candidates de télé-réalité. Maintenant qu’elle a un travail et des amis, si on lui demandait aujourd’hui, Sabrina n’aurait pas autant envie de participer à ce type de programme que par le passé. Cela venait essentiellement de sa soif de reconnaissance.
« Les comédiens sont exposés aux réseaux sociaux, les gens peuvent s’exprimer froidement sur nous »
À quoi aurait ressemblé Sabrina le 30 août 2004, premier jour de diffusion de Plus belle la vie, sans toute la technologie et les réseaux sociaux de nos jours ?
Le personnage de Sabrina ne peut pas exister sans la technologie d’aujourd’hui. Elle est la « Miss selfie » et la « Miss réseaux sociaux ». Je ne sais pas exactement quel était l’équivalent à l’époque car j’avais dix ans. J’imagine qu’il existait des versions de ces filles qui avaient envie qu’on les voit. Elles devaient traîner davantage dans les soirées, en boîte…
Sabrina est généralement dans des intrigues plutôt légères mais les réseaux sociaux ont des aspects sordides entre les prédateurs et les harcèlements. Souhaiteriez-vous intégrer une histoire plus sombre liée à ces technologies comme peut le faire Black Mirror ?
C’est quelque chose que j’essaie de porter dans ma vie car mes réseaux sociaux ont explosé en tant que comédienne de Plus belle la vie, et ce n’est pas une volonté de ma part. Je me rappelle d’un passage où Sabrina s’est retrouvée harcelée par l’un de ses abonnés qui avait crevé les pneus de sa voiture. On ne répète pas suffisamment à la nouvelle génération que les réseaux sociaux sont très intrusifs. Nous, les comédiens, sommes exposés. Les gens peuvent nous dire froidement ce qu’ils pensent de nous. Donc, oui, ce serait intéressant de le traiter dans la série, mais pour l’instant, la production ne m’en a pas parlé.
La colocation, dont vous êtes l’une des membres, connaît de fréquents chamboulements. Quel personnage souhaiteriez-vous intégrer ?
C’est difficile de le déterminer car on adore notre « Team Colloc ». Pourquoi pas l’un des nouveaux lycéens quand ils auront leur bac, mais ce n’est pas pour tout de suite !
« Le mariage n’est pas une priorité pour Sabrina »
Vous-même, avez-vous connu les joies de la colocation ?
Absolument ! J’ai vécu une année à Londres dans un petit appartement avec une autre fille. Ensuite, j’ai déménagé dans une maison où nous étions dix.
Avez-vous utilisé votre vécu pour apporter quelques idées aux scénaristes ?
On s’appuie primordialement sur les gens que nous avons en face de nous. Derrière les personnages, nous voyons tout de suite les comédiens qui sont derrière et cela aide vraiment à créer ce sentiment de famille. Nous voyons très peu de séquences de dîner mais nous avons l’habitude entre comédiens de manger ensemble, c’est donc très facile de recréer ce genre de souvenirs.
Votre personnage n’a pas connu de grande histoire d’amour. Sabrina est-elle le genre de femme à répéter le traditionnel schéma de vie : l’installation, le mariage, les enfants… ?
Je ne pense pas que le mariage soit une priorité pour Sabrina. Jusque-là, son objectif était d’avoir une vie plus confortable et elle est désormais installée. Elle est arrivée avec une envie de manger les hommes. Elle a eu une petite histoire il y a deux ans, mais pas de petit copain fixe. Cela fait partie du personnage. Elle a connu des galères et elle peine à accorder sa confiance. Pour le mariage, il faudrait que le mec vaille vraiment le coup !